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Entomofaune auxiliaire : les méthodes d’observation et de suivi

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SPECTRE D’EFFICACITÉ ET CULTURES

ENVISAGEABLES

- Objectifs : les méthodes d’observation de l’entomofaune auxiliaire sont utilisées sur le terrain par les horticulteurs, pépiniéristes, gestionnaires d’espaces verts, techniciens, conseillers, expérimentateurs et chercheurs afin de recenser les espèces­ présentes dans les cultures et dans leur environnement. L’observation, l’identification et la quantification de ces arthropodes, ainsi que l’analyse de la richesse spécifique et le suivi de la dyna­mique de population, visent à estimer le potentiel de régulation naturelle des ra­vageurs. Cette démarche agroécologique permet de définir la biodiversité fonctionnelle d’un milieu cultivé et de valoriser la lutte biologique par conservation (action sur l’environnement et sur les pratiques pour favoriser le développement des auxiliaires naturels). Elle sert aussi à optimiser l’utilisation des moyens de biocontrôle*, notamment la lutte biologique par importation (lâchers de macro-organismes auxiliaires – prédateurs ou parasitoïdes – à des périodes optimales pour réguler­ les ravageurs cibles). Les observations peuvent être individuelles ou collectives, ponctuelles ou régulières, localisées ou généralisées au sein d’un plus grand territoire, mais toutes respectent idéalement un protocole d’observation pour faciliter l’interprétation et la valorisation des données collectées.

- Cibles : de nombreuses plantes d’ornement, mais aussi la flore spontanée et les plantes relais utilisées pour la lutte biologique, hébergent des macro-organismes auxiliaires dont l’abondance et la diversité dépendent surtout de la nature des végétaux présents (port, feuilles, fleurs…), de leur stade phénologique, du biotope local (typologie paysagère et pédoclima­tique en plein air, conditions climatiques sous abri), de la conduite culturale (irrigation, fertilisation, taille, gestion des bordures de parcelles…) et des pratiques phytosanitaires. Dans une exploitation hor­ticole ou un espace vert, en conditions favorables, s’installe aux dépens des bio­agresseurs une entomofaune auxiliaire appartenant à deux groupes, selon le ré­gime alimentaire et le mode d’action des espèces régulatrices : les prédateurs (consommateurs de ravageurs) et les parasi­toïdes (parasites de ravageurs).

Aux stades adultes et/ou larvaires, les auxiliaires régulent des bioagresseurs tels que les tétranyques, thrips, aleurodes, pucerons, cochenilles, mouches mineuses, coléoptères et chenilles défoliatrices. La surveillance permet de recenser à la fois les espèces indigènes et celles d’origine exotique, dont plusieurs sont utilisées en biocontrôle. Après chaque lâcher, il est intéressant de vérifier si l’équilibre biolo­gique entre les ravageurs et les auxiliaires est obtenu et perdure au cours de la pé­riode souhaitée.

- Méthodes et matériels : il existe plusieurs méthodes de recensement et de dénombrement de l’entomofaune auxiliaire, la plus pratiquée étant l’observation directe sur le végétal : soit par contrôle visuel à l’œil nu, soit en utilisant une loupe de poche grossissant huit à dix fois.

Mais d’autres techniques plus ou moins élaborées aident aussi à suivre conjointement l’évolution de la dynamique des populations de ravageurs et des auxiliaires. On peut retenir notamment les suivantes : frappage ou battage de rameaux dans un cadre toilé, filet fauchoir dans la strate herbacée, aspirateur thermique au sein de la végétation, tente malaise ou piège cornet pour les insectes volants, piège à émergence, piège refuge, piège lumineux, panneau coloré englué, cuvette ou bol jaune, planche à invertébrés ter­restres, pot Barber ou piège à fosse à la surface du sol. Le choix du matériel repose principalement sur le type de plante hôte (herbacée ou ligneuse, végétation basse ou haute), les mœurs des arthropodes (habitats, couleurs attractives, habitudes alimentaires) et le mode de déplacement des auxiliaires à mesure de leur développement (volants, mobiles sur les végétaux ou sur le sol).

Le protocole d’observation, lui, fixe le nombre d’organes végétaux à observer ou de pièges à installer dans la zone à surveiller, la fréquence des observations, la liste des auxiliaires observables et les cultures associées.

- Analyses approfondies : certains proto­coles nécessitent une analyse en laboratoire des échantillons prélevés, afin de trier, identifier et dénombrer les spécimens collectés. La reconnaissance des taxons peut être plus ou moins approfondie (ordre, famille, genre, espèce) selon le besoin du suivi ou le niveau de l’étude (pratique, technique, scientifique).

Une identification au rang spécifique se justifie pour des études précises, mais implique une compétence entomologique suffisante. C’est pourquoi ce travail est souvent confié à des spécialistes. Ainsi l’identification d’arthropodes prédateurs généralistes à la surface du sol (araignées, carabiques, staphylins) issus du piégeage avec des pots Barber.

Quant à l’interprétation des résultats, elle se base sur l’analyse des notations, idéalement agrégées dans une base de données informatique. Il est par exemple possible d’analyser l’évolution des populations d’auxiliaires dans le temps ou entre dif­férentes parcelles. Les protocoles les plus élaborés permettent d’obtenir des jeux de données exploitables statistiquement pour réaliser des graphiques simples, des corrélations entre populations, cultures, infrastructures agroécologiques et pra­tiques, des analyses bivariées ou multi­variées ou encore des calculs d’indice de biodiversité.

Jérôme Jullien

*Le biocontrôle regroupe l’ensemble des méthodes­ de protection des végétaux qui mettent­ à profit des mécanismes naturels et des interactions entre les espèces et l’environnement. Son utilisation vise à ramener les méfaits des organismes nuisibles à un niveau acceptable. Ainsi, le principe du biocontrôle est fondé sur la gestion des équilibres des populations de bioagresseurs­, plutôt que sur leur éradication.

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